Pourquoi utiliser un outil numérique américain comporte-t-il des risques ?
De nombreuses entreprises européennes s’appuient sur des solutions numériques américaines (cloud, messagerie, CRM, outils collaboratifs). Ces services sont souvent performants, bien intégrés et faciles à déployer. Mais leur utilisation soulève des questions importantes en matière de souveraineté numérique.
1. L’extra-territorialité du droit américain
Les entreprises américaines, même lorsqu’elles opèrent en Europe, restent soumises au droit des États-Unis. Cela signifie que les autorités américaines peuvent exiger l’accès à certaines données, même si celles-ci sont stockées dans des centres de données situés en Europe.
2. Le Patriot Act et le Cloud Act
- Patriot Act (2001) : adopté dans le contexte de la lutte antiterroriste, il permet aux agences américaines d’obtenir l’accès à des données personnelles ou professionnelles, sans nécessairement passer par une juridiction européenne.
- Cloud Act (2018) : il oblige les fournisseurs de services cloud américains à fournir aux autorités les données qu’ils hébergent, où qu’elles se trouvent dans le monde.
Ces lois créent un cadre où les données européennes hébergées par un acteur américain peuvent être consultées par les autorités américaines, parfois sans que les utilisateurs ou les États européens en soient informés.
3. Un enjeu de dépendance stratégique
S’appuyer exclusivement sur des solutions non-européennes, c’est aussi créer une dépendance à une puissance étrangère. Cette dépendance peut poser problème dans plusieurs cas :
- Changement soudain des conditions d’utilisation ou des tarifs.
- Restrictions d’accès liées à des tensions géopolitiques.
- Faible contrôle sur la localisation et la protection juridique des données.
4. Est-ce forcément mauvais ?
Non. Les outils américains sont souvent leaders du marché, avec une avance technologique certaine. Ils peuvent parfaitement convenir à de nombreuses entreprises, en particulier les plus petites. Mais il est essentiel d’être conscient des risques de dépendance qu’ils impliquent.
Conclusion : Utiliser un outil numérique américain n’est pas un problème en soi, mais cela doit être un choix éclairé. L’enjeu n’est pas seulement technique ou financier : c’est aussi une question de souveraineté, c’est-à-dire la capacité de votre entreprise (et de l’Europe) à garder le contrôle sur ses données et ses infrastructures critiques.
Mis à jour le : 20/08/2025
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